L’étude de l’UZ Leuven a examiné différents schémas thérapeutiques
En mai 2021, des chercheurs de l’UZ Leuven montrent qu’une thérapie combinée de méthotrexate et de cortisone est le traitement initial optimal pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde naissante, quelle que soit la gravité de leur pronostic. C’est ce qui ressort d’une étude de cinq ans impliquant plusieurs centres de rhumatologie. Cette approche est aujourd’hui le traitement standard dans les centres concernés et a également été incluse dans les dernières directives européennes en matière de rhumatologie. Cette découverte à donné naissance à plusieurs études dérivées qui ont été financées par notre fonds scientifique et ont majoritairement été publiées.
Dans le cadre de l’étude CareRA, plus de 300 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ont été suivis pendant cinq années dans dix centres de rhumatologie.
Qu-est ce que la polyarthrite rhumatoïde?
La polyarthrite rhumatoïde touche environ 1 personne sur 100. C’est l’une des formes les plus courantes de la maladie rhumatismale. Il s’agit d’une maladie auto-immune chronique caractérisée par une inflammation des articulations et des tendons. Chez la plupart des patients, la maladie doit être contrôlée par des médicaments à vie.
Patrick Verschueren, investigateur principal de l’étude et rhumatologue à l’UZ Leuven : »Nous savons, depuis un certain temps, qu’une approche immédiate et puissante au stade précoce de la polyarthrite rhumatoïde est appropriée pour contrôler la maladie rapidement et de manière permanente. C’est pourquoi nous avons mis au point, il y a des années, une thérapie combinée intensive avec des collègues néerlandais. Nous l’avons baptisée COBRA, ce qui signifie « Combinatietherapie Bij Reumatoïde Artritis » (traitement combiné de la polyarthrite rhumatoïde). L’étude CareRA s’est concentrée sur quelques questions ouvertes : pouvons-nous alléger, stratégiquement, le traitement combiné sans sacrifier l’efficacité ? Et quelle est l’importance de la cortisone dans le traitement initial ? »
Une version plus douce de la thérapie combinée classique
Pour étudier la question, l’équipe a mis en place un essai contrôlé aléatoire. Les patients ont d’abord été répartis en fonction de la gravité estimée de leur maladie : risque élevé ou faible de mauvais pronostic. Ils ont ensuite été répartis de manière aléatoire dans des groupes recevant différents schémas thérapeutiques. Les chercheurs ont notamment comparé le schéma classique COBRA, composé d’un cocktail de différents médicaments et d’une forte dose de cortisone, à une version plus douce ne contenant que du méthotrexate et une dose plus faible de cortisone (appelée « COBRA Slim »). Chez les patients à faible risque, le traitement COBRA Slim a été comparé à l’approche traditionnelle par étapes sans cortisone, dans laquelle les médicaments antirhumatismaux sont progressivement ajustés jusqu’à l’amélioration souhaitée.
Chez les patients à haut risque présentant un mauvais pronostic, plusieurs mesures de résultats ont montré que le traitement COBRA Slim était aussi efficace que les traitements plus lourds qui ont plus d’effets secondaires. Dans le groupe à faible risque, le traitement était même beaucoup plus efficace et plus rapide que l’approche progressive sans cortisone.
Le professeur Verschueren : « Même en cas de traitement avec COBRA Slim, nous avons constaté que 70 % des patients avaient atteint un état de rémission après seulement huit semaines et que leur maladie restait contrôlable à long terme. La thérapie douce avec une faible dose de cortisone semble donc être le traitement de départ approprié pour tous les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde naissante. Aujourd’hui, c’est le traitement de référence à l’UZ Leuven et dans de nombreux autres centres de rhumatologie. Notre approche est également approuvée par la Société européenne de rhumatologie et figure dans ses lignes directrices ».
Cortisone
L’utilisation de la cortisone dans le traitement initial est parfois critiquée car il s’agit d’une hormone qui peut avoir toutes sortes d’effets secondaires. Les chercheurs de Leuven soulignent pourtant que la cortisone est très utile dans la polyarthrite rhumatoïde naissante. Elle agit comme un anti-inflammatoire, ce qui permet de calmer rapidement la douleur et de contrer la maladie elle-même, alors que les médicaments antirhumatismaux classiques sont lents à agir.
« Nous considérons la cortisone comme une arme importante pour gagner du temps. Elle permet de limiter les lésions articulaires et les conséquences psychosociales de la maladie, en attendant que les médicaments antirhumatismaux comme le méthotrexate fassent effet », explique le professeur Verschueren. « Parce que nous la gérons de manière stratégique, dans un cadre temporel strictement délimité, les effets secondaires restent relativement limités et il s’avère même que l’utilisation de la cortisone chez nos patients est en fait plus faible à long terme ».
Un cadre plus large
L’étude CareRA s’inscrit dans un cadre plus large de toutes sortes d’études qui impliquent également les médecins généralistes, les infirmières spécialisées, les associations de patients et les patients eux-mêmes. L’accent est mis, par exemple, sur l’effet du traitement sur le bien-être psychosocial, la qualité de vie et l’intégration sociale des patients. Elle comprend également une section pharmacoéconomique qui compare le rapport coût-efficacité de différents traitements. Ces études montrent que la plupart des patients considèrent le traitement COBRA Slim comme très positif. Le traitement est également bon marché et rentable, ce qui le rend applicable dans le monde entier. Chez une minorité de patients, l’approche COBRA Slim n’est pas suffisante et il faut encore passer à des schémas thérapeutiques plus sévères avec d’autres médicaments. Dans le cadre d’une étude de suivi soutenue par le KCE, l’équipe de Leuven étudie si l’utilisation précoce de la nouvelle génération de médicaments antirhumatismaux dits « biologiques » et « synthétiques ciblés » est appropriée dans de tels cas. Elle recherche également des biomarqueurs qui, à l’avenir, pourraient aider à prédire quelle thérapie convient le mieux à chaque patient.
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